Ce soir, Dan est rentré fatigué. Il a participé à la marche qui s'est tenue dans notre ville. Il est revenu avec un gros rhume mais content de ce qu'il avait fait. Il m'a dit :
- Che bensais être le bremier mais, quand che suis harrivé, il y hafait téchà tes chens ! (Je vous rappelle qu'il est revenu enrhumé) Hau fur et à mesure, t'autres sont harrifés. Il y afait te tout. Nous hafons barlé et abrès nous hafons marché, tous ensemble. C'était pau. C'est con, t'aurais tû fenir. Et toi, qu'est-ce que t'as fait ?
- Moi ? lui ai-je répondu, j'ai regardé le défilé à la télé. C'est sûr, ce n'était pas le même que toi. Il n'y avait pas "que le maire" et ceux qui "suivent" Charlie depuis plus de 40 ans. Non ! Il y avait les grands chefs d'état, si, si, je n'en ai jamais vus autant, il y avait des politiques, des religieux et des athées, ensemble, des gens qui se sont découverts "être" Charlie et des connaisseurs qui "suivaient et suivront" Charlie. Il y avait des policiers et des lascars avec des panneaux "je suis" Charlie, des patrons, des ouvriers et des syndicalistes côte à côté, des écrivains et des illettrés, des artistes et des désespérés, etc. Et il n'y a pas eu de débordements ! Incroyable, n'est-ce pas ?
- Chét une ponne chose ? Maindenant il faut benser à temain. Za n'est gue le teput.
Et puis, il est allé se coucher comme le font tous les gens honnêtes. Juste que, lui, demain, il "sera" toujours Charlie car il ne l'a pas découvert hier. Il s'en inspire depuis 40 ans, il se nourrit de ses idées, il les partage ; il "suit" Charlie, il "est" Charlie.
Et être Charlie, c'est un peu tous les jours, dire ce qui ne va pas, essayer de trouver une solution, ne pas embrouiller les autres, être du côté du faible, etc. un chevalier des temps modernes, quoi !
Quant à moi, j'ai ressorti une vieille revue datée de 1969 qui à l'époque s'appelait Charlie, était mensuel et ne coûtait que 3 francs. Le temps a passé, certaines revues se sont tues , Pilote, A suivre, etc., il y a eu des dessinateurs et des scénaristes qui sont partis mais, ce qui me rassure, c'est qu'il y en aura d'autres car, de tout cela, il en ressort une chose importante : ne touchez pas à "nos" libertés ; nous sommes des millions et la relève est prête.
Nous sommes tous Charlie : Carmen, Eric, Victor, Vittorio, Dan & Dina, etc. et nous continuerons de surveiller...
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